Alana

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J'écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pentre autrement  que je ne devrais penser, et ainsi jusqu'au plus profond de l'obscurité.

Alana sans dessus dessous




En-dessous de chaque article, vous trouverez différentes catégories suivant mes humeurs journalières.Mes doutes, mes envies, mes plaisirs, mes peurs....Etc...Etc...

 

Aux égaré(es)


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Il dépend de celui qui passe
Que je sois tombe ou trésor
Que je parle ou que je me taise
Ceci ne tient qu'à toi
Ami, n'entre pas sans désir.

Paul Valéry

Poésie

Jeudi 13 novembre 4 13 /11 /Nov 15:36




Tous les cent ans les néographes
Font une réforme de l'orthographe
En rognant les tentacules
Des gardiens de nos virgules
On voit alors nos gens de lettres
Chacun proteste à sa fenêtre
Mes consonnes, au nom du ciel !
Touche pas à mes voyelles !

La réforme de l'orthographe
M'eût pourtant évité des baffes
Quand je tombais dans le panneau
De charrette et de chariot

Le Roi pourtant fut bien le Roué
Le François devint le Français
Et Molière mit aussi
Un y à mercy
Le véritable sacrilège
Serait de suivre ce cortège
De vieilles lunes alambiquées
Eprises de compliqué

La réforme de l'orthographe
M'eût pourtant évité des baffes
Quand du tréfonds de ma détresse
J'oubliais toujours l's

Croquemonsieur et tirebouchon
N'ont plus besoin d'un trait d'union
Croquemadame et tapecul
N'en auront plus non plus
Contremaîtresse et contrefoutre
Eux-mêmes ne pourront passer outre
Entrecuisse et entrechat
N'ont pas non plus le choix

La réforme de l'orthographe
M'eût pourtant évité des baffes
C'est les cuisseaux et les levrauts
Qui me rendent marteau

Faudra aussi laisser quimper
Dans nos chères onomatopées
Ce trait unissant froufrou
Yoyo pingpong troutrou
On pourra souder nos bluejeans
Nos ossobucos nos pipelines
Vademecum exvoto
Feront partie du lot

La réforme de l'orthographe
M'eût pourtant évité des baffes
Mettre un t au bout de l'appât
Que n'avais-je fait là !

Et quand malgré nos vieux réflexes
On posera plus nos circonflexes
Sur maîtresse et enchaîné
On fera un drôle de nez
Mais les générations prochaines
Qui mettront plus d'accent à chaînes
Jugeront que leurs aînés
Les ont longtemps traînées

La réforme de l'orthographe
Contrarie les paléographes
Depuis qu'un l vient d'être ôté
A imbécillité


La réforme de l'orthographe         
Paroles et Musique: Pierre Perret   1992
© Editions Adèle

 


Par Alana - Publié dans : Poésie
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Mardi 11 novembre 2 11 /11 /Nov 15:20






En septembre 1914 Apollinaire fait connaissance à Nice de Louise de Coligny-Châtillon, qu’il appellera Lou, passion autant brulante qu'éphemère. La même année, il s’engage volontairement dans les troupes françaises,  il est affecté à Nîmes, le 6 décembre, au 38e régiment d’artillerie de campagne
Il idéalise la femme qu’il aime, lui écrit tous les jours des lettres et des poèmes.
Fiancé à Madeleine Pagès, avec qui il entretient également une relation épistolaire, il poursuit ses échanges avec Lou.

Sa lettre déclaration d'amour, datée du 28 septembre 1914, commence en ces termes : « Vous ayant dit ce matin,,,, et que je vous aimais, ma voisine d'hier soir, j'éprouve maintenant moins de gêne à vous l'écrire. Je l'avais déjà senti dès ce déjeuner dans le vieux Nice où vos grands et beaux yeux de biche m'avaient tant troublé que je m'en étais allé aussi tôt que possible afin d'éviter le vertige qu'ils me donnaient. »
Mais la jeune femme ne l'aimera jamais, ou du moins, pas comme il l'aurait voulu ; ils rompent en mars 1915 en se promettant de rester amis.


Envoyé au front en 1915, il est blessé à la tempe par un obus, il est trépané. Après une longue convalescence, il se remet progressivement au travail, fait jouer sa pièce "Les Mamelles de Tirésias".
Affaibli par sa blessure, Guillaume Apollinaire meurt le 9 novembre 1918 de la grippe espagnole. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris alors que, dans les rues, les Parisiens célèbrent la fin de la guerre.

Certaines de ces lettres sont publiées en 1947 sous le titre : Ombres de mon amour puis en 1959 sous le titre "Poèmes à Lou". L’ensemble de cette correspondance est publié en 1990 sous le titre : "Lettres à Lou".

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Dimanche 2 novembre 7 02 /11 /Nov 22:26



Couchée à travers le divan, les pieds par terre
Et sa touffe de poils bouffant en flots légers
Elle caresse avec des gestes allongés
Son corps chaud que nul vin viril ne désaltère.
 
Elle s’aime, occupée à d’éternels loisirs
À l’ombre des tentures et des palmes vertes.
Ses doigts efféminés par les mauvais désirs
Rôdent luxurieux autour des chairs ouvertes
 
Ils savent, en errant sur le ventre, creuser
Dans la peau la marque amoureuse d’un baiser
Qu’aurait donné la bouche idéale d’un homme.
 
Ils savent effleurer les hanches doucement
Et mouler à la peau des seins leurs palmes, comme
Un corps souple de femme sur un corps d’amant.

Pierre Louÿs
Par Alana - Publié dans : Poésie
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Dimanche 2 novembre 7 02 /11 /Nov 00:27




C’est un plus petit coeur
Avec la pointe en l’air ;
Symbole doux et fier
C’est un plus tendre coeur.
 
Il verse ah ! que de pleurs
Corrosifs plus que feu
Prolongés mieux qu’adieu,
Blancs comme blanches fleurs !
 
Vêtu de violet,
Fait beau le voir yssir,
Mais à tout le plaisir
Qu’il donne quand lui plaît !
 
Comme un évêque au choeur
Il est plein d’onction
Sa bénédiction
Va de l’autel au choeur.
 
Il ne met que du soir
Au réveil auroral
Son anneau pastoral
D’améthyste et d’or noir.
 
Puis le rite accompli,
Déchargé congrûment,
De ramener dûment
Son capuce joli.

Paul Verlaine

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Mardi 28 octobre 2 28 /10 /Oct 22:27




J'allais près d'une rivière
Quand Catin me dit tout bas:
« Tu as l'âme casanière
De ne prendre ici mon cas!»

 Aussitôt la soulevant,
Dessus l'herbe, je la jette,
Et lui troussant son devant,
Je défis mon aiguillette.

« Tout doux, tout doux, me dit-elle,
Ah ! ne poussez pas si fort !
Mais choyez une pucelle
Qui meurt d'une douce mort.»

Disant cela, ses genoux
Elle ouvrit d'un grand courage,
Et moi, je doublai mes coups
Pour m'y faire un chemin large.

« Eh bien ! ai-je le coeur lâche ?
Lui dis-je, quand je fus las.
- Non, dit-elle, si tu tâches
Trois fois d'embourrer mon bas. »

Anonyme (17e siècle)

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Jeudi 23 octobre 4 23 /10 /Oct 00:19




Caraco, qui développa un pessimisme plus noir encore que celui de Cioran, estimait que la mort était l'unique but de l'homme :

« Nous tendons à la mort, comme la flèche au but et nous ne le manquons jamais, la mort est notre unique certitude et nous savons toujours que nous allons mourir, n'importe quand et n'importe où, n'importe la manière. Car la vie éternelle est un non-sens, l'éternité n'est pas la vie, la mort est le repos à quoi nous aspirons, vie et mort sont liées, ceux qui demandent autre chose réclament l'impossible et n'obtiendront que la fumée, leur récompense.

Albert Caraco, né en 1919, s'est suicidé en septembre 1971, dans la nuit qui suivit la mort de son père. Tous ses livres sont publiés aux éditions L'Age d'Homme. A lire en priorité: Post Mortem, Ma confession, La luxure et la mort, Le galant homme.


http://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Caraco

Par Alana - Publié dans : Poésie
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Vendredi 17 octobre 5 17 /10 /Oct 13:42




Rosoyante et galbeuse au contour génial,
La cuisse de la femme est l’étau du miracle,
Dont chaque serrement, au sein du tabernacle,
Pousse à son paroxysme un frisson idéal !

Elle est d'une souplesse étrange, et quand l'oracle
A la péroraison* se meurt - au point final -
Sa brûlure au rein souple étend, phénoménal,
Le spasme aigu qui brise entier l'iconolâtre**...

A la douceur joignant la force merveilleuse,
Ses pressements soudains, au seuil du frisson cher,
Font vibrer tous les nerfs en la danse joyeuse...

Et c'est, sous des cris vifs que les baisers étouffent,
L'Hymen sacré qui fait se croiser chaque touffe :
Triomphal exclamé vers les cieux par la chair.


Alphonse Gallais

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Samedi 4 octobre 6 04 /10 /Oct 10:29




L’art délicat du vice occupe tes loisirs,
Et tu sais réveiller la chaleur des désirs
Auxquels ton corps perfide et souple se dérobe.
L’odeur du lit se mêle aux parfums de ta robe.
Ton charme blond ressemble à la fadeur du miel.
Tu n’aimes que le faux et l’artificiel,
La musique des mots et des murmures mièvres.
Ton baiser se détourne et glisse sur les lèvres.
Tes yeux sont des hivers pâlement étoilés.
Les deuils suivent tes pas en mornes défilés.
Ton geste est un reflet, ta parole est une ombre.
Ton corps s’est amolli sous des baisers sans nombre,
Et ton âme est flétrie et ton corps est usé.
Languissant et lascif, ton frôlement rusé
Ignore la beauté loyale de l’étreinte.
Tu mens comme l’on aime, et, sous ta douceur feinte,
On sent le rampement du reptile attentif.
Au fond de l’ombre, elle une mer sans récif,
Les tombeaux sont encor moins impurs que ta couche…
O Femme ! Je le sais, mais j’ai soif de ta bouche!

Renée Vivien

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Jeudi 2 octobre 4 02 /10 /Oct 22:44



Sainte Marguerite de Cortone
Patronne des prostituées
Toi qui t’abandonnas toute entière aux exigences impétueuses de la chair,
Toi qui connus toutes les joies sublimes et foudroyantes de la débauche,
Toi qui fus vierge, mère, maîtresse, mystique, putain et stigmatisée
Toi qui te fis refuser le voile parce que tu étais trop belle
Toi qui trouvas ton amant assassiné au pied d’un arbre
Fais que je sois toujours pleine de désir

Sainte Marguerite de Cortone
Patronne des érotographomanes
Toi qui, pour racheter tes errements, fis pénitence publique
En te promenant dans les rues, montée par un ânier
Qui dans les rues criait ton passé en n’omettant
Aucune impudeur, aucune obscénité
Apprenant ainsi aux bourgeois effarés
Une multitude de péchés délectables
Qu’ils n’auraient jamais eu la liberté
Ou même l’imagination de commettre
Fais que je puisse toujours crier mon désir

Amen.


Poésie licencieuse extraite des cahiers d'Anne Archet

Par Alana - Publié dans : Poésie
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Samedi 27 septembre 6 27 /09 /Sep 16:58

 



Les yeux creux, Léona, plus pâle que la lune,
Tout les jours, erre seule, au hasard et remplit
Les sentiers et les bois de sa plainte importune.

La solitude accroît encor son infortune,
La nuit, elle soupire et déserte son lit,
Pour rafraîchir au vent sa gorge ardente et brune.

Quel est son mal ? Elle aime ! Elle aime et veut mourir,
Car elle sait le gouffre où se débat son âme :
L'objet de son amour, horreur ! c'est une femme
Dont pour elle les bras ne doivent pas s'ouvrir ?

Elle sèche et languit, elle crie aux étoiles :
" Toi que j'aime aujourd'hui, que j'aimerai demain,
Vierge, oh ! viens, sois à moi ! Mes lèvres et ma main
De ta virginité déchireront les voiles ! "

Henri Cantel

Par Alana - Publié dans : Poésie
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